BALLAD IN PLAIN D (1964)
ALBUM : "ANOTHER SIDE OF BOB DYLAN". - 1964



L'une des chanson les plus directement autobiographiques de Dylan. "Plain D" est une indication de tonalité américaine signifiant "Ré bécarre" qui est souvent employée pour faire ressentir le désespoir, le décès.
A la mi-mars 1964, il y eut une querelle sans merci dans l'appartement de Suze Rotolo et de sa sœur Carla. Dylan et Carla se battirent tandis que Suze devenait hystérique. Cette crise mit un terme définitif à l'histoire d'amour entre Bob et Suze.
Suze mit longtemps à pardonner cette chanson à Dylan :"Il y a des choses qu'on ne fait pas, quel que soit le pouvoir qu'on a." Carla prétend qu'elle n'a fait que défendre sa sœur :"...et je ne suis pas un parasite. J'ai toujours travaillé et participé aux frais."
Dylan s'excusa quelques années plus tard mais en disant : "Je crois que la chanson résumait quand même assez-bien la situation."
Le couplet final compare l'amoureux à un prisonnier qui n'a aucun désir d'être libre. Vision classique de l'amour chez le Dylan de l'époque.


Ballad In Plain D Ballade en ré bécarre
I once loved a girl, her skin it was bronze.
With the innocence of a lamb, she was gentle like a fawn.
I courted her proudly but now she is gone,
Gone as the season she's taken.
J'ai aimé autrefois une fille, sa peau était de bronze.
Avec l'innocence d'un agneau, elle était douce comme un faon.
J'étais fier de la courtiser mais maintenant elle s'en est allée,
Partie comme la saison qu'elle a emmenée.
Through young summer's breeze, I stole her away
From her mother and sister, though close did they stay.
Each one of them suffering from the failures of their day,
With strings of guilt they tried hard to guide us.
Par une jeune brise d'été, je l'enlevai loin
De sa mère et de sa sœur, aussi près qu'elles fussent.
Chacune d'elles souffrait des échecs de leur âge,
Par les cordes de la culpabilité elles tentèrent de nous guider.
Of the two sisters, I loved the young.
With sensitive instincts, she was the creative one.
The constant scapegoat, she was easily undone
By the jealousy of others around her.
Des deux sœurs j'aimais la plus jeune,
Sensible d'instinct, elle était la plus créative.
Toujours bouc émissaire, elle était facilement abattue
Par la jalousie des autres autour d'elle.
For her parasite sister, I had no respect,
Bound by her boredom, her pride to protect.
Countless visions of the other she'd reflect
As a crutch for her scenes and her society.
Pour sa parasite de sœur, je n'avais aucun respect,
Limitée par son ennui et sa fierté à protéger.
Les visions sans nombre de l'autre elle avait reproduit
Comme une béquille pour ses scènes dans son monde.
Myself, for what I did, I cannot be excused,
The changes I was going through can't even be used,
For the lies that I told her in hopes not to lose
The could-be dream-lover of my lifetime.
Quant à moi, ce que j'ai fait, on ne me le pardonnera pas,
Les changements que je traversai ne peuvent être invoqués,
Ni les mensonges que je lui dit dans l'espoir de ne pas perdre
Le rêve de ce qui aurait pu être l'amour de ma vie.
With unknown consciousness, I possessed in my grip
A magnificent mantelpiece, though its heart being chipped,
Noticing not that I'd already slipped
To a sin of love's false security.
Sans le savoir consciemment, je tenais en mes serres
Une magnifique cheminée, bien que le cœur en soit ébréché,
N'ayant pas remarqué que j'avais déjà glissé
Dans le péché de la fausse sécurité de l'amour.
From silhouetted anger to manufactured peace,
Answers of emptiness, voice vacancies,
Till the tombstones of damage read me no questions but, "Please,
What's wrong and what's exactly the matter?"
D'une silhouette de colère à une paix fabriquée,
Des réponses de vacuité, l'absence de voix,
Jusqu'à ce que sur les tombes des dégâts on ne lise plus qu'une question : "Je t'en prie,
Qu'est-ce qui ne va pas et que se passe-t-il exactement?"
And so it did happen like it could have been foreseen,
The timeless explosion of fantasy's dream.
At the peak of the night, the king and the queen
Tumbled all down into pieces.
Et donc il arriva ce qu'on aurait pu prévoir,
L'explosion éternelle du rêve fantasmatique.
Au pic de la nuit, le roi et la reine
S'écroulèrent complètement en morceaux.
"The tragic figure!" her sister did shout,
"Leave her alone, God damn you, get out!"
And I in my armor, turning about
And nailing her to the ruins of her pettiness.
"Tragique personnage !" Sa sœur s'écria,
"Fiche-lui la paix, sois damné, sors d'ici !"
Et moi dans ma cuirasse, je tournai autour d'elle,
Et la clouai sur les ruines de son insignifiance.
Beneath a bare light bulb the plaster did pound
Her sister and I in a screaming battleground.
And she in between, the victim of sound,
Soon shattered as a child 'neath her shadows.
Sous une faible ampoule nue le plâtre se lézarda
Sur sa sœur et moi, dans les cris du champs de bataille.
Et elle entre nous, la victime du bruit,
S'écroula bientôt comme un enfant sous ses ombres.
All is gone, all is gone, admit it, take flight.
I gagged twice, doubled, tears blinding my sight.
My mind it was mangled, I ran into the night
Leaving all of love's ashes behind me.
Tout est fini, tout est fini, admets-le, prend la fuite.
Des haut-le-cœur, de douleur j'étais plié, les larmes troublaient ma vue.
Mon esprit était mutilé, je courus dans la nuit,
Abandonnant toutes ces cendres d'amour derrière moi.
The wind knocks my window, the room it is wet.
The words to say I'm sorry, I haven't found yet.
I think of her often and hope whoever she's met
Will be fully aware of how precious she is.
Le vent frappe ma fenêtre, la chambre est mouillée.
Les mots pour dire "désolé", je ne les ai pas encore trouvés.
Je pense souvent à elle et j'espère que celui qu'elle aura rencontré
Sera pleinement conscient de sa préciosité.
Ah, my friends from the prison, they ask unto me,
"How good, how good does it feel to be free?"
And I answer them most mysteriously,
"Are birds free from the chains of the skyway?"
Ah, mes amis de la prison, me demandent à moi
"Est-ce bon, est-ce bon de se sentir libéré?"
Et je leur réponds l'air fort mystérieux
"Les oiseaux sont-ils libres des chaînes des cieux?"
Traduction de Pierre Mercy et François Guillez, notes de Pierre Mercy


retour à



La version originale de cette chanson se trouve à
et les droits d'auteur sont réservés.
Pour la traduction, prière d'informer le webmestre
avant toute copie ou référence d'un autre site, merci.